Atos, le groupe informatique français, voit sa situation financière se dégrader rapidement. Le cours de son action a plongé de 98,65 %, atteignant un niveau plancher de 0,0025 euro. L’entreprise a récemment annoncé l’achèvement d’une augmentation de capital de 233 millions d’euros avec maintien du droit préférentiel de souscription. Cette opération a entraîné une dilution massive des actions existantes, suscitant l’inquiétude des investisseurs et des analystes financiers. Invest Securities a maintenu sa recommandation de vendre, fixant un objectif de cours à 0,01 euro. Cette situation met en lumière les défis économiques auxquels Atos doit faire face dans un contexte de restructuration complexe.
Outre les difficultés financières, Atos est au cœur de la polémique concernant le retard du projet Entry/Exit System (EES) de l’Union européenne. Le projet, visant à renforcer le contrôle aux frontières extérieures de l’UE via un système informatique avancé, aurait dû être lancé initialement en 2022, mais est désormais reporté à 2025. Un consortium incluant Atos est responsable de ces retards et des surcoûts associés, évalués à 20 millions d’euros supplémentaires. Le consortium, également composé d’IBM et Leonardo, n’a pas réussi à respecter les échéances cruciales, notamment la livraison des datacenters, et a dû affronter des problèmes internes allant jusqu’aux propositions de ne pas tester certaines parties du système pour respecter les dates de lancement fixées.
Selon des documents internes et des déclarations de responsables chez Atos, la gestion du projet par l’entreprise française a été défaillante, exacerbée par l’emploi d’équipes inexpérimentées pour des tâches complexes. Ce manque de rigueur a été noté par l’EU-Lisa, l’agence européenne en charge du projet, qui a dû intervenir directement pour arbitrer les disputes entre prestataires. Les défaillances techniques, telles que des installations incomplètes et des configurations incorrectes, ont également pesé lourdement sur l’avancement du projet. Ces contretemps ont mené à une réaffectation de personnel chez Frontex, l’agence européenne de garde-frontières et de garde-côtes, impactant d’autres projets en cours comme le système européen d’exemption de visa.
Les conséquences des déboires d’Atos ne se limitent pas au monde financier ; elles ont des répercussions politiques et opérationnelles significatives. Le projet EES avait été annoncé comme un outil puissant pour sécuriser les frontières européennes et prévenir l’immigration illégale. Le retard et les surcoûts mettent en péril ce but tout en fragilisant la position d’Atos sur le marché international. En pleine restructuration, le groupe devra redoubler d’efforts pour regagner la confiance de ses investisseurs et réussir à honorer ses engagements envers l’Union européenne.
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