Les festivals de musique, tels que Les Vieilles Charrues ou La Route du Rock, sont devenus des rendez-vous incontournables pour les amateurs de musique en France. Cependant, la compétition entre ces événements atteint des sommets, notamment en Bretagne qui en compte près de 350. Les têtes d’affiche, toujours plus onéreuses, mettent en danger l’équilibre économique de ces manifestations. Jérôme Tréhorel, directeur des Vieilles Charrues, souligne que le budget artistique du festival, autrefois de 1,7 million d’euros, a aujourd’hui grimpé à 5 millions d’euros.
Les cachets des artistes ont littéralement explosé, s’étirant parfois du simple au quadruple d’une tournée à l’autre. Emilie Audren, co-directrice du festival rennais Mythos, craint que le modèle économique à l’anglo-saxonne s’impose, rendant les billets inaccessibles au grand public. François Floret de la Route du Rock témoigne de ces hausses démesurées, limitant la capacité des programmateurs à s’offrir les artistes les plus en vue. En conséquence, les directeurs de festivals et programmateurs appellent à une prise de conscience collective.
Les festivals sont également menacés par la diminution des subventions publiques, comme en témoigne la récente annonce de la région des Pays de la Loire. Pour beaucoup, cette aide est cruciale à leur survie, à l’image de la Route du Rock, qui dépend des subsides de multiples organismes publics. Les organisateurs se tournent ainsi vers des partenariats privés pour compenser ce manque à gagner.
Certains festivals innovent face à ces défis. Le Festival des Bars en Trans mise sur une scène émergente, offrant aux artistes des cachets d’intermittence. D’autres, comme le Hellfest, répercutent la hausse des cachets sur le prix des billets, sans impact sur leur affluence. Toutefois, réduire la capacité d’accueil, comme l’a fait le festival Panoramas à Morlaix, devient une solution pour certains organisateurs refusant d’entrer dans la surenchère des cachets.
L’essor des cachets s’explique, en partie, par le changement de paradigme du secteur musical où les tournées remplacent la vente de disques comme principale source de revenu. Les attentes en matière de production scénique ont évolué, entraînant des coûts additionnels que peu de festivals peuvent absorber sans aides financières extérieures. Face à ces enjeux, les festivals sont appelés à reconsidérer leur modèle économique pour continuer à offrir une diversité artistique tout en restant accessible au plus grand nombre.
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