Poiscaille : La Start-up de Pêche Durable Peut-Elle Échapper au Naufrage ?

L’initiative saluée pour sa démarche écologique

Fondée en 2015, la start-up Poiscaille s’est taillée une réputation en France en valorisant une pêche éthique et durable, inspirée du modèle des AMAP pour les produits agricoles. Avec l’objectif de révolutionner le secteur, elle propose des casiers de poisson issus d’une pêche respectueuse de l’environnement, livrés directement sur le pas de la porte des consommateurs. Grâce à un service hébergé en ligne et un réseau de distribution partenariale, Poiscaille a initialement connu une croissance notable, passant d’un chiffre d’affaires de 1,5 million d’euros en 2019 à 11,5 millions en 2022.

Une stratégie mise à rude épreuve

Malgré un succès d’estime, l’entreprise dirigée par Charles Guirriec peine aujourd’hui à maintenir son cap face aux difficultés économiques. L’inflation et l’augmentation des coûts de transport freinent l’essor rapidement acquis, rendant difficile le maintien à flot de cette jeune pousse de la pêche durable. Cette conjoncture a entraîné une baisse significative du nombre de consommateurs abonnés, passé de 20 000 en 2023, avec une nécessité pour l’entreprise d’atteindre un seuil de 25 000 abonnés pour retrouver l’équilibre budgétaire.

Des décisions difficiles mais nécessaires

Pour répondre à ces défis, Poiscaille a dû adapter son modèle économique. L’entreprise s’est tournée vers des remises promotionnelles pour attirer de nouveaux clients, baissant temporairement les prix de ses paniers. En parallèle, elle a rationalisé ses opérations logistiques, fermant certains points de distribution partenaires et réduisant la complexité de son offre produit pour limiter les coûts. En juillet 2024, le nombre de salariés a également été réduit, passant de 90 à 65 personnes, une mesure drastique mais nécessaire pour la survie de l’entreprise.

L’avenir du modèle économique

Poiscaille cherche à convaincre ses clients avec des valeurs de durabilité et de qualité. Charles Guirriec continue d’espérer qu’un regain d’intérêt pour une consommation responsable soutiendra un modèle économique éthique. L’entreprise a récemment obtenu un sursis de ses créanciers, repoussant certaines de ses échéances. Toutefois, pour réussir à long terme, l’entreprise doit non seulement élargir sa base de clientèle mais également trouver de nouvelles voies pour fidéliser ses abonnés actuels, notamment en diversifiant ses offres et en proposant un meilleur accompagnement culinaire.

Si l’entreprise réussit à redresser la barre, elle pourrait incarner un modèle innovant et viable pour l’industrie de la pêche, respectueux à la fois des ressources marines et des hommes qui en vivent.