Les tensions en Transnistrie, une région moldave autonome depuis 1992, suscitent l’inquiétude internationale. Florent Parmentier, docteur en science politique et chercheur à Sciences Po Paris, met en lumière les enjeux sous-jacents à cette situation.
Malgré les affichages plutôt agressifs, Parmentier est sceptique quant à une annexion potentielle de la Transnistrie par Moscou. La raison principale étant l’insuffisance manifeste des ressources militaires russes sur place - seuls 1 500 soldats russes se trouvent dans la région. Le fait que Moldova n’a pas de frontière commune avec la Russie n’arrange pas la situation, rendant difficile l’envoi de renforts. De plus, lorsque la Russie a attaqué l’Ukraine en février 2022, la Transnistrie est restée calme malgré sa fragilité économique et sécuritaire engendrée par le conflit ukrainien.
Parmentier suggère que la Russie pourrait ne reconnaître que formellement l’indépendance de la Transnistrie sans que Vladimir Poutine ne la proclame officiellement. Toutefois, cette reconnaissance pourrait être un moyen de pression sur la Moldavie, surtout à la veille des élections de novembre prochain. Manifestement, ce serait un message pour le président moldave Maia Sandu qui aspire à intégrer son pays à l’UE. Par ailleurs, personne ne peut ignorer que Moscou utilise la Transnistrie pour exercer une pression sur la Moldavie depuis trois décennies.
La Transnistrie, qui jadis profitait de sa relation avec l’Ukraine pour ses besoins économiques et de celle avec la Russie pour sa sécurité, est aujourd’hui dans une position précaire. L’accès au marché européen, qui lui était rendu possible par le port d’Odessa en Ukraine, est devenu largement inaccessible suite à l’invasion russe. Avec l’approche de Chisinau vers l’UE, l’économie moldave a été dopée tandis que celle de la Transnistrie s’affaiblit.
Enfin, Parmentier envisage que les actions de la Russie pourraient finalement pousser la Moldavie à rejoindre l’UE, surtout si Maia Sandu gagne les prochaines élections. Cette possibilité pourrait bien dépendre du soutien que la Moldavie reçoit de la communauté internationale dans sa lutte contre l’agression russe.
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