Le cosmonaute russe Aleksandr Grebionkine est peut-être l’un des rares Russes dont la mission officielle est de collaborer sans réserve avec l’Occident. Réjouissant les caméras avec son sourire sincère, il s’apprête à quitter la Floride avec trois de ses collègues américains pour rejoindre la Station spatiale internationale (ISS) à bord d’un vaisseau Crew Dragon de SpaceX.
Malgré la guerre en Ukraine qui dure depuis deux ans, ce "covoiturage" américain et russe continue de surprendre. Les astronautes russes et américains se rendent régulièrement à la ISS ensemble, mais habitent essentiellement dans des modules séparés. Cette surprenante coopération survit malgré l’arrêt par la France des décollages russes Soyouz de Kourou en Guyane, décision prise à cause du conflit.
À 500 km de la Terre, l’ISS, multiethnique, orbite au-dessus des zones de combat. C’est une véritable "bulle" qui semble détachée de la dure réalité des conflits terrestres. Pourtant, comme l’explique Sébastien Barde, sous-directeur de l’exploration et des vols habités au Centre national d’études spatiales (Cnes), l’ISS est un outil géopolitique essentiel. Renoncer à l’ISS reviendrait à renoncer à l’exploration spatiale, forçant ainsi les Russes et les occidentaux à cohabiter.
Même si Rogozine, l’apparatchik patron de l’agence russe Roscosmos, a menacé de séparer physiquement l’ISS, une telle scission est impossible. L’ISS a été conçue dans un esprit de paix dans les années 1990. Malgré la présence de deux modules distincts, la mise en œuvre et le fonctionnement de l’ISS dépendent fortement de la coopération entre chaque côté. Les panneaux solaires occidentaux fournissent l’énergie et les moteurs russes sont les responsables de la maintenir en orbite.
Néanmoins, cette collaboration est sur le point de prendre fin. En effet, chaque camp a des ambitions séparées pour l’avenir. Poutine a annoncé la mise en orbite du premier segment de la nouvelle station spatiale russe autonome d’ici 2027 tandis que les Américains financent plusieurs stations spatiales privées et envisagent une station orbitale lunaire, le Lunar Gateway, en collaboration avec l’Europe.
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