Depuis plusieurs années, le Captagon, une drogue à base d’amphétamine, a émergé comme l’un des piliers économiques de la Syrie sous le régime de Bachar al-Assad. Cet intoxicant, initialement conçu comme un médicament par une entreprise allemande dans les années 1960, a été détourné de son usage médical vers des circuits illicites fournissant un revenu vital au gouvernement syrien, largement isolé par des sanctions internationales.
Le Captagon originel, reconnu pour ses effets stimulants, était prescrit pour des troubles tels que la narcolepsie et le déficit de l’attention. Cependant, son potentiel dopant notoire a fait l’objet d’une interdiction dans les années 1990, menant à une prolifération de versions illicites fabriquées principalement en Syrie et au Liban. La guerre civile syrienne a ensuite intensifié la production de cette drogue, qu’on retrouvait dissimulée dans des objets du quotidien pour une exportation clandestine vers des pays du Golfe comme l’Arabie saoudite.
La transformation de la Syrie en un "narco-État" a permis au régime d’alimenter une économie clandestine, rendant ce commerce lucratif essentiel à sa survie. Des figures de proue du régime, tel que Maher al-Assad, s’avèrent directement impliquées dans la production et le trafic du Captagon. Ce commerce soutenait également des alliances stratégiques avec des groupes tels que le Hezbollah, renforçant l’influence locale du régime.
Face à cette situation, de nombreux pays, dont les États-Unis et l’Union européenne, ont instauré des sanctions spécifiques pour freiner cette industrie. Des actions telles que le "Captagon Act" visent à démanteler ce réseau en ciblant des membres de l’administration syrienne. Entretemps, les saisies massives de Captagon à l’international soulignent l’ampleur du défi, avec des millions de comprimés interceptés annuellement. Les États du Golfe, désormais soucieux de l’impact regional de ce trafic, lient leur aide à la reconstruction syrienne à l’arrêt de cette exportation illicite.
La chute récente de Bachar al-Assad a révélé la rudesse du commerce de Captagon, autrefois une source majeure de devises étrangères pour le pays. Alors que des forces syriennes rebelles ont assuré la destruction de stocks importants de cette drogue, la question demeure de savoir si les nouvelles autorités interimaires pourront rompre avec cette économie souterraine qui avait, jusqu’à présent, soutenu le régime et perturbé la stabilité dans le Moyen-Orient.
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