Dix ans après avoir repris le contrôle des principaux bastions rebelles, le régime de Bachar al-Assad est désormais en proie à une série de revers militaires significatifs. La prise rapide d’Alep par les rebelles syriens, associés à Hayat Tahrir Al-Sham (HTS), représente un tournant majeur confirmant la fragilité du pouvoir d’Assad. Ce retournement de situation est aggravé par la conquête de Hama, ouverte par les forces rebelles en quelques jours à peine. « La reprise d’Alep est un tournant dans le conflit », affirme Bayram Balci, chercheur au CERI Sciences Po Paris.
Ce qui aurait pu être impensable il y a encore quelques mois est aujourd’hui une réalité principalement due à la corruption interne et au manque de soutien de ses alliés traditionnels, comme la Russie et l’Iran. « L’une des premières explications tient à la corruption », souligne Agnès Favier, professeure et directrice du programme Syrie à l’Institut universitaire européen de Florence. L’armée loyaliste, minée par des salaires misérables et un manque de ressources de base, a contribué à la déroute face aux avancées rebelles.
Menés par HTS, les rebelles islamistes ne cessent de gagner du terrain, exploitant la vulnérabilité du régime. En combinant agilité militaire et une politique de communication habile, notamment en promettant protection aux soldats rendus, les rebelles ont réussi à conquérir plusieurs villes majeures sans rencontrer de résistance sérieuse. Arthur Quesnay, docteur en sciences politiques à Paris-I Panthéon-Sorbonne, note que HTS a professionnellement renforcé ses rangs et son arsenal, manœuvrant avec rapidité et stratégie.
La Russie, partenaire clé du régime depuis 2015, semblerait aujourd’hui incapable d’intervenir directement. L’Iran et le Hezbollah, occupés par leurs propres conflits, apportent également un soutien limité. L’avenir d’Assad au pouvoir est aussi incertain qu’inquiétant, le morcellement de la Syrie se poursuivant avec une opposition mieux structurée et déterminée à renverser le régime. Les sunnites, représentant une large part de la population évincée, et les forces kurdes restent des variables clés dans ce nouvel échiquier complexe, où la Turquie pourrait jouer un rôle déterminant.
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