Entre avril et mai, l’Ukraine a intensifié les mesures de recrutement dans ses rangs militaires. La mobilisation, désormais imposée dès 25 ans, s’est étendue aux prisons et aux sanctions renforcées contre les déserteurs, rendant la législation plus stricte. Ces actions interviennent alors que les forces russes continuent de faire pression sur la région de Kharkiv.
Le général Vincent Desportes exprime ses doutes sur l’efficacité de ces ajustements tardifs. Selon lui, il est « incertain » que cet effort puisse freiner l’avance rapide de la Russie, qui a récupéré environ 260 km² en une semaine. Michel Goya, ancien colonel et stratège, ajoute que l’Ukraine ne possède que 87 brigades de combat formées en une année.
La formation de ces nouvelles recrues est également un sujet de préoccupation. Pour Michel Goya, il faudrait « plusieurs semaines » pour former de manière adéquate même un simple soldat. Les répercussions de ces nouvelles forces sur le terrain ne seraient donc ressenties que dans « plusieurs mois ». Ces ajustements législatifs tardifs sont qualifiés de « durs mais nécessaires » par Antony Blinken, chef de la diplomatie américaine.
Vincent Desportes note une réticence de l’Ukraine à mobiliser ses forces. Il compare leur effort à celui de la France durant la Première Guerre mondiale qui a mobilisé entre 5 et 6 millions de personnes, contrairement à l’Ukraine qui en a mobilisé seulement environ un million.
Alors que la plupart des pays mobilisent leur jeunesse en cas de conflit, l’Ukraine a choisi de les protéger. Michel Goya mentionne qu’aucun autre pays n’a fait le choix de mobiliser à partir de 27 ans, ce qui est totalement inédit.
Le choix de la préservation de la jeunesse de l’Ukraine s’explique par sa démographie vieillissante. Cela dit, le pays pourrait puiser dans son potentiel de mobilisation restant. Malgré tout, face à la population russe de 144 millions d’individus comparée à ses 38 millions, l’Ukraine semble désavantagée.
Enfin, le Congrès américain a autorisé une aide de 61 milliards de dollars pour l’Ukraine. Selon Michel Goya, cette aide, couvrant l’équipement et la formation des nouvelles recrues, pourra redonner de l’élan aux forces ukrainiennes. Cependant, même avec ce soutien, Vincent Desportes rappelle que « c’est l’homme qui fait avancer et tient les positions, pas les drones ».
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