La justice française vient de mettre en examen une femme de 34 ans, ancienne compagne d’un dirigeant de l’État islamique, émigrée de Syrie en janvier 2020. Reconnue sous le nom de Sonia M., elle est nommément accusée de crimes contre l’humanité et de génocide, présumée coupable d’esclavage d’une jeune fille yézidie en Syrie.
La victime, actuellement âgée de 25 ans, était âgée de seulement 16 ans quand elle a été acquise par Abdelnasser Benyoucef, alias Abou Moutana. Ce chef des opérations extérieures de l’EI est ciblé par un mandat d’arrêt et a également été condamné par contumace en France pour l’attentat déjoué de Villejuif en 2015.
L’interrogation du 14 mars dernier par le juge d’instruction a vu Sonia M. nier tout acte de torture et dénoncer un unique viol commis par son ex-époux. Cependant, la plaignante yézidie dénonce un quotidien de maltraitance, affirmant avoir été séquestrée et violentée par Sonia M. pendant plus d’un mois au printemps 2015 en Syrie
Si le juge d’instruction décide de juger Sonia M. devant la cour d’assises, ce sera le premier procès de cette nature en France. L’avocat de la jeune yézidie, Me Romain Ruiz, note que ce serait le "premier procès d’une revenante pour crime contre l’humanité". Les débats mettront en évidence la capacité du système judiciaire français à juger des crimes de guerre commis en Syrie.
Face à l’ampleur des crimes commis en Syrie et en Irak, la justice française a ouvert fin 2016 une enquête pour génocide, crimes contre l’humanité et crimes de guerre. L’enquête vise principalement à documenter ces crimes et à identifier les auteurs de nationalité française associés à l’État islamique. Trois services d’enquête sont conjointement en charge de cette tedious tâche : la DGSI, l’OCRVP et la SDAT.
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