En novembre 2019, l’actrice Adèle Haenel brisait le silence dans une interview accordée à Mediapart, accusant le réalisateur Christophe Ruggia de harcèlement et d’agressions sexuelles subis entre ses 12 et 15 ans. Cette prise de parole marquante ouvrait la voie au mouvement #MeToo en France, secouant le milieu du cinéma hexagonal alors que l’affaire Weinstein ébranlait Hollywood. Elle révélait une emprise psychologique et des gestes déplacés qui auraient perduré longtemps après le tournage du film "Les Diables".
Cinq ans après ces révélations, Christophe Ruggia est jugé devant le tribunal correctionnel de Paris pour agressions sexuelles sur mineure. Le réalisateur, accusé de profiter de son statut pour imposer un climat d’intimité et d’isolement à Adèle Haenel, risque jusqu’à dix ans d’emprisonnement et 150 000 euros d’amende. Malgré ses dénégations persistantes, l’enquête a mis en lumière un comportement jugé inapproprié et des échanges troublants entre Ruggia et l’actrice.
Au cœur des auditions, des témoignages de l’équipe du film "Les Diables" décrivent un climat oppressant et une emprise exercée par Ruggia sur Haenel, alors adolescente. Le comportement du réalisateur, qualifié d’obsessionnel, visait à maintenir une relation ambiguë et inappropriée, notamment à travers des surnoms et des gestes déplacés. Isolée de ses proches et de l’équipe du tournage, Adèle Haenel raconte une emprise qui aurait perduré jusqu’à ses 15 ans, sous couvert de rendez-vous prétendument éducatifs chez le cinéaste.
Cette affaire a non seulement marqué le paysage cinématographique français mais a également eu des répercussions profondes sur la vie d’Adèle Haenel, qui a quitté le cinéma en 2023 pour dénoncer la complaisance de l’industrie face aux agresseurs sexuels. Les révélations et le procès de Christophe Ruggia illustrent la difficulté, pour beaucoup de victimes, d’obtenir justice dans le monde du cinéma, un milieu longtemps protégé par une loi du silence.
Alors que le tribunal doit se prononcer, ce procès représente un moment décisif pour le mouvement #MeToo en France. Il pourrait établir un précédent dans la manière dont sont traitées les accusations d’abus de pouvoir et de violences sexuelles dans l’industrie du cinéma. Le verdict sera certainement scruté de près, il pourrait influencer la dynamique de tolérance zéro envers de tels comportements à l’avenir.
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