Le tribunal correctionnel de Paris accueille un procès très attendu les 9 et 10 décembre, celui du réalisateur Christophe Ruggia, accusé d’agressions sexuelles sur mineure par l’actrice Adèle Haenel. Cette affaire, révélée par Mediapart en 2019, a été l’une des premières à cristalliser le mouvement #MeToo en France, mettant en lumière les abus dans le monde du cinéma.
Les accusations d’Adèle Haenel concernent des faits survenus entre 2001 et 2004, alors qu’elle n’avait que 12 à 15 ans. Selon l’actrice, ces agressions ont eu lieu dans un contexte de tutelle abusive exercée par Christophe Ruggia, une personne d’autorité du fait de son rôle de réalisateur. Les abus auraient commencé lors du tournage du film « Les Diables », dont plusieurs scènes incluaient une forte charge émotionnelle et physique. Le procès prévoit d’ailleurs la diffusion d’extraits de ce long-métrage.
Adèle Haenel a décrit une relation d’emprise avec le réalisateur, alimentée par des rendez-vous réguliers dans son appartement, où il aurait porté sur elle des gestes déplacés. L’actrice parle d’un malaise permanent, d’un atmosphère de chantage et de manipulation émotionnelle qui l’a enfermée dans le silence pendant des années. Elle a exprimé le sentiment d’être piégée, s’efforçant de sauver sa peau à chaque sortie de ce huis clos.
De son côté, Christophe Ruggia conteste fermement les accusations. Il décrit les gestes d’Adèle comme empreints d’une « sensualité perturbante » et nie toute intention sexuelle. Ruggia voit dans les accusations une sorte de vengeance, provoquée selon lui par une promesse de collaboration professionnelle non tenue.
Si Adèle Haenel a fini par quitter le cinéma, sa prise de parole a secoué l’industrie et stimulé la dénonciation des comportements abusifs. Son action ouvrait la voie à d’autres témoignages qui, jusqu’alors, demeuraient tus par la peur de représailles ou de ne pas être crues. Les associations féministes, mobilisées autour du tribunal, soulignent l’importance de soutenir les victimes et de promouvoir un environnement professionnel sûr et respectueux.
Le verdict de ce procès, qui pourrait infliger jusqu’à dix ans de prison au réalisateur, sera suivi de près par tous ceux qui espèrent un changement durable dans la prise en compte des affaires de violences sexuelles en France, notamment celles provenant des milieux culturels. Ce procès symbolise autant une quête de justice personnelle pour Adèle Haenel qu’un espoir collectif de voir la responsabilité des figures d’autorité réévaluée.
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