Lors de son récent discours de campagne pour les élections européennes à Lille, Valérie Hayer, tête de liste de la Renaissance, a fait preuve d’un manque évident de perspicacité historique. Dans une tentative de frapper un grand coup contre le Rassemblement national et sa russophilie, son analogie entre Marine Le Pen, Viktor Orban, Édouard Daladier et Neville Chamberlain a suscité la stupeur parmi plusieurs experts en histoire.
Hayer a évoqué l’esprit munichois de 1938 pour fustiger ceux qui appellent à capituler devant Vladimir Poutine dans le but de préserver la paix entre Moscou et Kiev. Cependant, la comparaison établie entre les figures politiques des accords de Munich et celles de Le Pen et Orban est largement discutable. À l’époque de la ratification de l’accord visant à résoudre la crise des Sudètes avec un Hitler triomphant, la majorité de la politique française prônait la paix avec l’Allemagne nazie, une situation nettement différente de celle d’aujourd’hui.
Les historiens n’ont pas tardé à réagir face à ces propos. Christian Delporte, professeur émérite d’histoire contemporaine à l’université de Versailles, a exprimé son mécontentement devant ce qu’il a qualifié de "comparaison historique stupide". Une autre voix discordante, celle de Christophe Naudin, auteur de plusieurs ouvrages détruisant les mythes historiques, s’est exprimée plus crûment : "Arrêtez avec les parallèles historiques stupides, à droite comme à gauche, 1914 comme 1938. Surtout quand on n’y connaît rien."
Face à ces vives réactions, Valérie Hayer a tenté de clarifier ses propos lors d’une intervention sur LCI, soulignant le danger que représente selon elle la Russie de Vladimir Poutine pour l’Europe actuelle. Ce parallèle historique controversé risque pourtant de suivre la candidate macroniste tout au long de sa campagne.
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