Le lundi 6 mai marque l’initiation par le gouvernement des "assises de lutte contre l’antisémitisme". C’est Aurore Bergé, la ministre en charge de la lutte contre les discriminations, qui ouvrira la journée à Paris, où elle rencontrera les dirigeants de diverses associations, tels que Licra, SOS Racisme, ainsi que les représentants des six cultes principaux. On y attend également des témoignages de personnes ayant été affectées personnellement par l’antisémitisme.
L’objectif est de "lancer un travail", comme l’explique le ministère à l’AFP, en vue de déterminer "un socle commun de valeurs républicaines". Cette démarche vise à "reconnaître l’antisémitisme tel qu’il est et lutter efficacement contre ce fléau". Des figures de proue seront désignées pour concevoir ce socle commun, suite à la matinée de travail. Aurore Bergé souligne avec inquiétude, sur BFMTV-RMC, "le volume, malheureusement, des actes antisémites (...), c’est toute la société qui doit se réveiller", en référence à une "recrudescence terrifiante".
L’annonce de ces assises en mars par Aurore Bergé est intervenue en réponse à un appel à l’action de 70 personnalités, ainsi que du collectif "Nous vivrons". Ces derniers appelaient les candidats aux élections européennes à prendre position "sans détour et sans complaisance" contre l’antisémitisme. Toutefois, contrairement aux plans initiaux, aucun politique ne sera présent, pour éviter une politisation du sujet avant les élections européennes, comme le précise le ministère.
Les actes antisémites ont presque quadruplé en un an, passant de 436 en 2022 à 1 676 en 2023. Selon le Conseil représentatif des institutions juives de France (Crif), on constate une poussée après les attaques du Hamas contre Israël le 7 octobre. Selon une enquête de l’Ifop pour l’antenne française de l’American Jewish Committee, 94% des Français de confession juive estiment que l’antisémitisme a progressé depuis une dizaine d’années (+21 points par rapport à 2022). La même enquête révèle que 35% des 18-24 ans considèrent qu’il est "justifié" de s’en prendre à "des Français juifs en raison de leur soutien réel ou supposé au gouvernement israélien".
Globalement, l’Anti-Defamation League, le principal groupe de défense des droits des Juifs, a exprimé son inquiétude face au "niveau sans précédent" d’actes antisémites enregistrés en 2023. Le conflit entre le Hamas et Israël alimente un "incendie qui était déjà hors de contrôle".
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