La candidate macroniste aux élections européennes de 2024, Valérie Hayer, a créé la polémique lors de son premier discours de campagne à Lille. Dans une tentative d’associer le Rassemblement National à une certaine russophilie, Hayer a franchi un pas de plus en osant un parallèle entre Marine le Pen et Édouard Daladier, un choix qui a déclenché l’ire de la communauté des historiens.
Alors que Hayer sous-entend une ressemblance entre le discours actuel de Le Pen et celui de Daladier et Chamberlain à la veille de la Seconde Guerre Mondiale, cette comparaison semble largement inappropriée. En 1938, alors que la France se préparait à faire des concessions à un Hitler triomphant, Daladier exprimait ses doutes sur la couardise des complaisances de la France envers l’Allemagne nazie.
Daladier, figure du parti radical socialiste, avait une opinion très différente de celle de Marine Le Pen ou Viktor Orban. Après avoir signé des accords de Munich visant à résoudre la crise des Sudètes avec l’Allemagne nazie, Daladier, malgré les acclamations de la foule à l’aéroport du Bourget, n’était pas du tout en accord avec le sentiment populaire. Son célèbre commentaire à son chef de cabinet témoigne de son sentiment : « Ah, les cons ! S’ils savaient ! ».
La comparaison de Hayer a immédiatement rencontré une levée de boucliers de la part de la communauté historique. Christian Delporte, professeur émérite en histoire contemporaine à l’Université de Versailles, a qualifié cette mise en parallèle de "stupide". De même, Maxime Michelet a souligné que Daladier était « autant moins naïf que son homologue britannique ».
Christophe Naudin, professeur d’histoire et auteur de plusieurs ouvrages démontant la manipulation politique des mythes historiques, a clairement condamné l’approche de Hayer : « Faut arrêter avec les parallèles historiques à la con, à droite comme à gauche, 1914 comme 1938. Et plus encore quand on n’y connaît rien ». Clair et net.
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