Le leader français de la prise de rendez-vous médical en ligne, Doctolib, suscite une vive polémique avec le lancement d’une nouvelle fonctionnalité visant à regrouper les données de santé des patients. Ce développement met l’entreprise en confrontation directe avec le service public de santé ’Mon espace santé’.
Annoncé à l’occasion de la mise à jour annuelle de ses services, l’onglet ’Santé’ de Doctolib a pour ambition de centraliser divers éléments du dossier médical des patients : résultats de tests, traitements, allergies, ou encore carnet de vaccination. Cette initiative intervient alors que ’Mon espace santé’, projet relancé par l’Assurance maladie en 2022, s’efforce d’atteindre un consensus autour de la gestion publique des données de santé, avec déjà plus de quinze millions d’utilisateurs à son actif.
Doctolib affirme n’avoir nullement l’intention de créer un duplicata de la plateforme publique. Stanislas Niox-Chateau, cofondateur de Doctolib, souligne que ses logiciels sont des contributeurs essentiels au service ’Mon espace santé’. Pourtant, l’Assurance maladie, par la voix de son directeur général Thomas Fatôme, exprime des réserves quant au positionnement concurrentiel de l’entreprise privée, soulignant qu’il existe une ambiguïté évidente concernant cette nouvelle offre.
Jean-Urbain Hubau, directeur général France de Doctolib, plaide pour une complémentarité plutôt qu’une concurrence avec ’Mon espace santé’, indiquant un effort d’interopérabilité à 100 % avec le ministère de la Santé. Pourtant, l’assurance maladie reste prudente, exigeant des clarifications et réitérant que le lieu légitime de l’hébergement des données de santé doit rester le service public.
Cette controverse met en lumière les enjeux complexes entourant la centralisation des données de santé dans le cadre du numérique. L’ingérence potentielle des acteurs privés dans ce domaine sensible interpelle, tant sur la sécurité que sur la conformité aux législations en vigueur. Une situation qui requiert une vigilance accrue des autorités compétentes pour garantir que ce secteur vital continue de servir au mieux l’intérêt général.
Ainsi, l’annonce de Doctolib réouvre un débat nécessaire sur les rôles respectifs du public et du privé dans le poids considérable que représente la gestion des données de santé, en attendant que la situation se clarifie davantage.
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