Les milieux aquatiques ruraux présentent une situation écologique préoccupante. Un récent rapport du WWF France (Fonds mondial pour la nature) révèle la détérioration alarmante de ces milieux, touchant de plein fouet plusieurs espèces communes comme les truites des rivières et les grèbes huppés.
Le rapport du WWF, basé sur l’indice "rivières vivantes", synthétise l’évolution de la biodiversité des cours d’eau sur une période de 20 ans. Il dévoile une stagnation trompeuse de la biodiversité, contrastée par des situations locales très différentes. Ainsi, si certains grands fleuves affichent une amélioration de leur biodiversité, le déclin sévère des milieux ruraux compense cette embellie.
Pour illustrer cette dégradation, le WWF met en lumière la fragilité de deux espèces communes : le grèbe huppé et la truite des rivières. Les effectifs du grèbe huppé ont ainsi chuté de 91,5% au XXIᵉ siècle, tandis que la population de truites des rivières s’est réduite de près de 44% ces deux dernières décennies. C’est le reflet d’une dégradation environnementale complexe, résultant de l’impact des activités humaines, des conditions météorologiques, et des modifications physiques et chimiques des rivières.
Le rapport souligne deux grandes causes de dégradation des rivières. La dégradation physique, d’abord, provoquée par des obstacles à l’écoulement de l’eau comme les barrages, et des altérations morphologiques menées par l’homme. La dégradation chimique, ensuite, est principalement due à l’agriculture et l’industrie, la contamination de l’eau par les pesticides, les phosphates, les nitrates et autres micropolluants étant malheureusement fréquente.
La situation actuelle, alarmante, appelle à une reformulation des politiques publiques en matière de gestion de l’eau. Une refonte de la fiscalité de l’eau, une protection accrue des zones humides, ainsi qu’un plan national de protection et restauration des prairies permanentes, sont quelques-unes des mesures prônées par le WWF.
Une part importante de l’effort de restauration de la biodiversité sera à porter par le secteur agricole. Redéployer les Paiements pour services environnementaux, réduire l’usage des pesticides, protéger les prairies, zones humides et mares, replanter des haies et changer les pratiques d’utilisation des terres agricoles apparaissent comme autant d’actions potentiellement efficaces. Le financement de ces efforts, ajoute le WWF, pourrait être en partie assuré par l’argent dédié à la Politique agricole commune européenne, à condition d’orienter ces fonds vers des pratiques agricoles plus respectueuses de l’environnement.
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